3 questions à... Frédéric Quevillon

15 déc 20223 questions à


                    © Olivier Desaleux

1 - À partir de janvier prochain, les conseils régionaux de l’Ordre (CROA) vont contrôler systématiquement que les architectes soient formés, au titre de la formation continue : pourquoi cette démarche ?

Rappelons d’abord que la formation continue des architectes est obligatoire depuis le décret du 20 mars 1980 relatif au code de déontologie. Comme elle l’est d’ailleurs pour toutes les professions réglementées, géomètres, experts-comptables, notaires, avocats...

C’est d’ailleurs par ce critère que l’Union européenne reconnaît l’existence et l’utilité des ordres professionnels en vertu de la directive 2013/55. Chaque professionnel, chaque architecte a donc depuis plus de trente ans le devoir de se former tout au long de sa vie professionnelle, comme le fait un médecin ou un avocat. Chaque architecte doit être formé 60 heures sur 3 ans, 42 heures en formation « structurée » et 18 heures en « complémentaire ».

C’est cette garantie et cette information que l’Ordre apporte à tous les publics maîtres d’ouvrages. C’est pour répondre à cette mission d’intérêt public que le contrôle de la formation va être systématisé dans quelques semaines par les services des conseils régionaux de l’Ordre partout sur le territoire national. Cette démarche est de la responsabilité des CROA.

2 - En quoi, la formation continue des architectes est-elle un enjeu en 2023 ?

Elle l’a toujours été. Comme pour tous les professionnels réglementés qui engagent leur responsabilité. Il paraît normal de « se mettre à jour » dans un milieu où les réglementations changent, évoluent plus que régulièrement. Il en va de la crédibilité de la profession auprès de ses maîtres d'ouvrage et du grand public. Mais ce contrôle renforcé intervient en effet dans un contexte où les savoir-faire de l’architecte peuvent, doivent être plus et mieux valorisés.

Les architectes doivent se saisir de cette formation continue, pour être mieux reconnus pour les enjeux actuels et à venir, notamment sur la question de la transition écologique et énergétique. Au moment où les acteurs se multiplient, ces formations sont une opportunité pour notre profession d’apporter sa valeur-ajoutée et d’être identifiée comme l’interlocutrice principale pour un projet de qualité, tout au long du processus allant de la conception à la livraison. Si aujourd’hui un grand nombre de consœurs et de confrères se forment au quotidien, force est de constater que l’on peut collectivement mieux faire pour être au rendez-vous. Nous avons la conviction que la formation initiale est un socle qui doit être renforcé et approfondi tout au long du parcours professionnel, quel qu’il soit.

Les 9 600 architectes franciliens sont une ressource précieuse pour la maîtrise d’ouvrage. L’objectif est de les informer au mieux sur la formation : à charge pour chacune et chacun ensuite de choisir les formations et organismes de leurs choix, et de valoriser cet engagement dans leur modèle économique.

3 - Que peut faire l’Ordre pour encourager les architectes qui n’en seraient pas convaincus de se former ?

Il faut souligner que l’institution en charge du contrôle, l’Ordre, ne peut en aucun cas être juge et partie : à la fois contrôler, et créer ou dispenser la formation. Anticipant ce contrôle systématique, le CROAIF a beaucoup œuvré depuis quatre ans déjà. Sous l’égide de Laurence Nguyen, architecte et conseillère ordinale, notre groupe de travail « Formation continue » a tenu d’abord à rappeler aux architectes les enjeux de la formation, les dispositifs et les financements qui peuvent être sollicités. Cette sensibilisation s’est traduite notamment par une plaquette largement diffusée ; des matinales d’échanges auxquelles plusieurs centaines d’architectes participent tous les ans… Nous avons par ailleurs permis la sensibilisation à plusieurs dizaines de sujets « métier » ou des enjeux sur lesquels nous sommes attendus.

Ces approches peuvent être prolongées par des formations dispensées en Île-de-France. En plus de recenser les formations, nous allons ouvrir nos locaux, l’ancien couvent des Récollets, aux organismes de formation qui seraient désireux d’y dispenser des formations à coûts maîtrisés, qui répondent aux enjeux du temps et de notre territoire francilien.

Nos espaces seront mis à disposition à des tarifs abordables pour ces organismes, que nous avons tenu à réunir voilà quelques jours. C’est une chance d’être architecte, notre profession est attendue pour répondre aux enjeux de ce monde en transition…à nous de répondre présent, soyons responsables !

Frédéric Quevillon, architecte et secrétaire général du Conseil régional de l'Ordre des architectes d'Île-de-France. 

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