Retour sur la Convention nationale de l’Ordre des architectes : trois journées d’échanges pour l’avenir de la profession

Réunie tous les trois ans, la Convention nationale de l’Ordre constitue un temps fort de la vie institutionnelle. Elle permet aux élus et aux équipes ordinales des régions et du national de se retrouver autour d’objectifs communs et de projets partagés. Cette édition 2025, accueillie à Lille, a rassemblé plus de 300 participants venus de l’ensemble du territoire, métropole comme outre-mer.

Le CROAIF était représenté par de nombreux élus et membres des services, pleinement engagés dans les temps d’échanges, de réflexion et de co-construction proposés durant ces trois journées.

Au programme : des conférences et des tables rondes thématiques, des retours d’expérience, des temps de travail entre permanents et élus. Parmi les moments marquants, citons la conférence inaugurale sur l’architecture au cœur des territoires, les échanges autour des leviers d’action pour une architecture durable, ou encore les regards croisés sur les enjeux de l’intelligence artificielle et son impact sur les professions créatives.

Aux côtés de Maryline Chevalier, Présidente du CROA Paca, Caroline Delas, Présidente du CROA Occitanie, Fabien Gantois, Vice-Président du CNOA, Jean-Charles Huet, Président du CROA Haut-de-France, François Liermann, Président du CROA Grand-Est, la présidente du CROAIF, Laurence Bertaud, est intervenue lors de la table ronde « Architecture du déjà-là, architectures de demain », contribuant à la réflexion sur les nouvelles formes de pratiques architecturales en réponse aux mutations environnementales et sociales :

"Le « déjà-là » en architecture est donc présent, mais pas toujours perceptible de manière immédiate. Il est ressenti, vécu, parfois révélé par la réflexion ou l’expérience.

Chez Martin Heidegger, le « déjà-là » est lié au concept de Dasein (l’« être-là », être présent). Le Dasein, c’est être déjà jeté dans un monde : il n’a pas choisi de naître, ni le contexte dans lequel il arrive. Le monde, les autres, les objets sont là avant lui — ce sont les conditions préexistantes de son existence.

Dans ce concept, le déjà-là est inerte.

Mais les architectes le considèrent comme actif, comme une matière vivante.

Pour l’architecte, le déjà-là, c’est un paysage, une architecture posée dans ce paysage — une maison, un immeuble, un bâtiment — dont il faut prendre soin, par des gestes visibles ou invisibles.

C’est une matière première pour faire un projet. On le transforme, on l’adapte à l’usage, au climat ; on soustrait, on arrache, on supprime.

L’architecture est vivante.

Quand elle devient patrimoine, elle traverse les époques et les siècles ; elle est là pour raconter une nouvelle histoire.

En Île-de-France, c’est Notre-Dame, ce sont les cités-jardins, c’est La Courneuve.

L’architecte de demain est celui qui sait prendre soin du déjà-là.

Celui qui sait préserver la biodiversité en accueillant, sur ses bâtiments, le déjà-là, le vivant.

Et finalement, par des gestes qui s’assemblent — et non des mono-gestes — on poursuit l’histoire, et on construit un « déjà-là »."

Cette convention fut également l’occasion de renforcer les liens entre les différents CROA, de partager les bonnes pratiques, et de construire collectivement les actions à mener pour les années à venir.

Le CROAIF remercie chaleureusement le CNOA et le CROA Hauts-de-France pour leur accueil et l’organisation de cet événement essentiel à la dynamique de l’Institution.