Chartes versus équité ?

23 juil 2021Édito - À la une

Depuis plusieurs années, les « chartes promoteurs » ont envahi le paysage de la construction du logement privé.

 

 


© Querkraft architecture - Sam architecture

Interrogeant dès le départ la légalité de ces documents, nombre d’acteurs privés les ont aujourd’hui parfaitement intégrés. Les tensions initiales ont laissé place à un modus vivendi laissant entrevoir l’espoir d’une architecture de meilleure qualité.

Une architecture marquée par une intégration urbaine travaillée, des espaces communs plus généreux, des appartements traversants, des balcons fonctionnels, l’emploi de matériaux pérennes et écologiques. Bref, par des choix de bon sens.  

Certaines villes imposent même la mission complète pour les architectes, garantes de la cohérence de l'opération. On peut se réjouir de telles avancées. Pour autant, ces négociations public-privé interrogent. Ne sont-elles pas le symptôme d’un effacement progressif de la volonté publique ?
En effet, la qualité des constructions n’est-elle pas d’intérêt public, comme nous le rappelle la Loi sur l’Architecture ? Le territoire n’est-il pas le bien commun de la nation, comme nous le rappelle le code de l’Urbanisme ? Pourquoi demander ici et là ce qui devrait de facto s’imposer partout ? Les chartes promoteurs ne dessinent-elles pas en creux les contours d’une politique du logement à deux vitesses, selon qu’on se trouve sur tel ou tel point du territoire, ne serait-ce qu’à l’échelle de notre région ?

D’un côté, les villes sous pression foncière en position de force, de l’autre les villes dites en « déprise », en position affaiblie. Et c’est tout le spectre de la non-équité entre les territoires qui réapparait, contrevenant aux principes mêmes de la République.
Il est temps de faire évoluer le cadre réglementaire. Dans les différents codes qui régissent l’acte d’aménager et de construire, il faut inscrire pour tous les ambitions d’une qualité architecturale, urbaine et paysagère renouvelée et partagée.

Il y a un peu plus d’un an, à peine sorti de la « crise des Gilets Jaunes » et alors en plein premier confinement, chacun aspirait à un monde meilleur et appelait à faire autrement. Où en est-on aujourd’hui alors que le logement pèse de plus en plus lourd dans la dépense des ménages ?

Il est maintenant temps de passer aux actes : il en va de la cohésion territoriale mais aussi et surtout sociale.
 

Fabien Gantois, Président de l'Ordre des architectes d'Île-de-France

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