« Tour INSEE » / État : la fin de la schizophrénie, c’est maintenant ?

30 mai 2022Édito

Conçue en 1974 par les architectes Serge Lana et Denis Honegger, la « Tour INSEE » de Malakoff fait incontestablement partie du patrimoine et du paysage urbain franciliens. En quête d’espaces de travail pour les services des ministères sociaux, l’Etat propriétaire a pourtant souhaité, dès 2015, détruire cette tour de bureaux pour créer... des bureaux. Posant comme postulat de départ la destruction, sans alternative possible.



L’État a fait le choix de mettre à bas 50.000 tonnes de béton et des milliers de tonnes d’acier, de produire des tonnes de gaz à effets de serre, de consommer des ressources naturelles et de produire des déchets non recyclables pour construire un bâtiment de même usage, de même superficie. Une aberration sociale, écologique et économique.

Pire encore, l’Etat semble faire fi des conclusions de la concertation préalable remises en janvier dernier soulignant que « ce projet ne correspond pas aux caractéristiques prévues dans la « ZAC de la porte de Malakoff ». Fi aussi de la recommandation de présenter une « comparaison entre les alternatives au projet : celle s’appuyant sur une déconstruction/reconstruction du bâtiment existant et celle s’appuyant sur la réhabilitation du bâtiment existant ». Ceci aurait permis de mettre en évidence des critères objectifs tendant à pencher en défaveur de la démolition / reconstruction, aussi bien en matière d’émissions de GES que sur la production de déchets.

La méthode et le projet portés par les ministères et la Ville de Malakoff sont en absolue contradiction avec les objectifs et engagements environnementaux pris au plus haut sommet de l’Etat et réaffirmés comme feuille de route du quinquennat qui s’ouvre, voilà quelques jours encore.

Une fois encore, un dossier francilien qui dans son processus comme dans sa décision - peu éclairée et peu motivée - est un très mauvais signal adressé à tous ceux qui s’engagent sur la voie de la transition écologique, et pire pour ceux qui ne s’y engagent pas.

Schizophréniques, comment nos gouvernants et notre administration peuvent-ils être encore crédibles aux yeux des professionnels comme du grand public ?

Architectes et maîtres d’œuvre sont en mesure de proposer des réalisations de réhabilitation ambitieuses et innovantes pour les bâtiments les plus emblématiques comme pour les plus humbles, des dizaines d’exemples le démontrent partout en France.

Le 17 mai, le Conseil régional de l’Ordre des Architectes d’Île-de-France s’est par un vœu prononcé à l’unanimité en faveur de la réhabilitation de la tour « INSEE », signant la pétition rédigée par l’architecte Pascal Chombart de Lauwe au titre du collectif IMMEUBLEINSEEPASFINI. Texte adressée au préfet du département, au ministre des Solidarités et de la Santé et à la ministre du Travail, devenue entre temps Première ministre… garante de la politique écologique et environnementale de l’Etat !

Comme sur les dossiers de la gare du Nord ou d’EuropaCity, nous en appelons au bon sens. Et appelons de nos vœux un haut arbitrage de l’Etat pour faire triompher in fine les impératifs de la transition écologique, au nom du seul intérêt qui vaille : l’intérêt général, celui des générations futures. 

Fabien Gantois, Président de l’Ordre des architectes d’Île-de-France

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