3 questions à... Eddie Aït, Maire de Carrières-sous-Poissy et Trésorier de l’Association des Maires d’Ile-de-France

28 mai 20243 questions à

1) Le Salon des Maires d'Île-de-France s’ouvrira le 28 mai : qu'attendez-vous de ce rendez-vous placé sous le signe de la mobilisation face au changement climatique ?

Le Salon des Maires d’Ile-de-France est le rendez-vous incontournable de l’ensemble des élus franciliens, des partenaires publics et privés d’Ile-de-France. A cette occasion, les acteurs de la commande publique peuvent se retrouver afin d’échanger sur les grandes problématiques de la gestion de la vie locale. Cet événement permet d’aborder tous les aspects essentiels à la vie des communes en apportant un éclairage particulier, en développant les synergies entre les différents acteurs et en mettant en valeur les innovations des acteurs privés. Les effets du changement climatique comme les vagues de chaleur, les inondations provoquées par des crues d’orage, les sécheresses, la tension sur nos ressources...sont inéluctables, il est urgent d’agir en construisant dès maintenant des stratégies d’adaptation et d’atténuation qui permettent de rendre le territoire plus résilient face aux aléas climatiques. Au-delà d’évoquer les enjeux et de débattre avec les institutions, des actions sont indispensables à mener à court, moyen et long terme pour adapter notre société ainsi que nos territoires au changement climatique. Ma participation au Salon de l’AMIF me permettra de découvrir des solutions concrètes et les innovations futures des partenaires publics et privés pour mon territoire.

2) Notre pays et l'Île-de-France traversent une crise du logement sans précédent. En votre qualité de maire, au plus près du terrain, quelles sont les actions prioritaires à favoriser dans notre région, pour un habitat durable et de qualité, répondant aux attentes des habitants ?

Si l’arrivée de nouveaux habitants est synonyme d’attractivité et de développement d’un territoire, elle représente également une charge pour les budgets municipaux. Les Villes sont appelées à investir dans de nouveaux équipements alors que les ressources financières des communes ont été fortement réduites. Beaucoup de maires souhaitent aller plus loin dans la production de logements, mais se heurtent à ces contraintes financières. En tant que maire, je me suis engagé en matière de logement via les mesures suivantes : - Lutte résolue contre l’insalubrité et l’habitat précaire, - Rétablissement d’une exonération partielle pendant deux ans de la taxe foncière en faveur des acquéreurs de logements neufs à usage d’habitation, - Instauration d’une autorisation préalable de mise en location dite permis de louer, - Elaboration d’une charte pour une construction durable et qualitative, - Création d’une exonération partielle de la taxe foncière pendant 3 ans pour les propriétaires effectuant des travaux de rénovation énergétique.

3) La densité urbaine et l'objectif "Zéro Artificialisation Nette" sont au cœur des débats, d’abord chez les maires. Comment concrètement rendre acceptables ces objectifs auprès des élus locaux et des habitants ?

En France, 20 000 hectares d’espaces naturels, agricoles ou forestiers (ENAF) sont artificialisés chaque année et l’habitat représente aujourd’hui 42 % des terres artificialisées. Face à ce constat, l’État est intervenu. En 2018, le plan biodiversité a placé dans ses priorités l’objectif de « zéro artificialisation nette » (ZAN). En 2021, la loi Climat et Résilience entérine cet objectif fixé pour 2050, lequel demande aux territoires (communes, départements, régions) de réduire de moitié le rythme d’artificialisation. Plusieurs leviers sont envisageables pour lutter contre l’artificialisation des sols :

- Le renouvellement urbain. Il s’agit de « faire la ville sur la ville » en revitalisant des centre-bourgs en mobilisant les bâtiments vacants, en reconvertissant des friches et la destination d’autres espaces. Les locaux vacants peuvent être transformés en logement. Par ailleurs, il peut s’agir de superposer ou mutualiser les parkings ou encore diversifier des commerces ou équipements pouvant fonctionner en horaires décalés.

- La renaturation. Elle passe par la déconstruction et destruction d'éléments artificiels, la dépollution par l’extraction, la stabilisation ou la dégradation des polluants, la désimperméabilisation ou encore la reconnexion à l’environnement naturel par la mise en place de continuités écologiques pour faciliter les cycles de colonisation par des espèces pionnières ou secondaires. Le projet européen H2020 REGREEN permet par ailleurs de repérer les espaces propices à renaturer et évaluer le potentiel de désimperméabilisation à l’échelle communale. Sur ce point, des études récentes montrent néanmoins que dans 80 % des cas, les actions de compensation engagées ne permettent pas une réelle absence de perte nette de biodiversité.

D’une autre manière, la séquence ERC « éviter-réduire-compenser » peut contribuer à l’atteinte des objectifs par transposition au ZAN. Elle vise à « supprimer, réduire, et si possible, compenser les conséquences dommageables pour l’environnement » et est intégrée dans la législation depuis la loi de protection de la nature de 1976. Elle concerne les documents d’urbanisme depuis 2004 et a été renforcée par la loi biodiversité de 2016 en précisant que « les mesures de compensation des atteintes à la biodiversité visent un objectif d’absence de perte nette, voire de gain de biodiversité ».

Eddie Aït, Maire de Carrières-sous-Poissy et Trésorier de l’Association des Maires d’Ile-de-France

 

Photo : DR

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