3 questions à... Patrice Leclerc, Maire de Gennevilliers

28 fév 20243 questions à

Dans la perspective de l'événement "La densité, un enjeu politique !" qui aura lieu ce jeudi 7 mars en Chapelle des Récollets et au regard de sa participation en tant qu'intervenant au cycle de conférences "Le logement dans tous ses états", Patrice Leclerc, Maire de Gennevilliers s'est exprimé sur la crise du logement en cours et la question de la densité.

1 - Le 14 février dernier, Gabriel Attal a annoncé une série de mesures pour lutter contre la crise du logement : quel est votre regard sur les solutions apportées par le Gouvernement ?

Quelles solutions ? La crise du logement est terrible, des familles souffrent et sont maltraités par l'absence de réponse à leur besoin d'un logement décent. Le gouvernement annonce un choc de l'offre sur 3 ans avec la construction de 30 000 logements avec seulement 25% de logement sociaux sur 22 territoires en France, quand pour l’Ile-de-France c'est un minimum de 70 000 logements qu'il faut construire, pour une population qui est à 70% éligible au logement social.

Il ne répond pas à la demande des militant-es et professionnel-les du logement social. Supprimer le hold-up de l'État dans les caisses des bailleurs sociaux avec la RLS pour leur redonner de quoi investir dans la construction et la rénovation. Il n'augmente pas les aides à la pierre pour aider à la construction et baisser les loyer. Il n'aide pas financièrement les maires constructeurs pour qu'ils puissent avoir les moyens de développer les services publics en lien avec l'augmentation de la population. Il ne baisse pas la TVA pour le monde du logement social.

La suppression du Pinel aurait pu être l'occasion de rediriger ces sommes vers l'aide à la pierre, mais Bercy en a fait une mesure d'économie pour continuer à verser des aides aux entreprises du CAC40. Si je ne me trompe pas, L'État perçoit plus d'argent du monde du logement (taxes, impôts) qu'il ne verse pour favoriser la construction !

Il doit aussi être plus coercitif contre les maires et les populations égoïstes qui refusent la construction de logements sociaux.

La droite LR et UDI de la région a gagné une bataille idéologique tirant un trait d'égalité entre logement social et cas social. Pourtant il ne viendrait à l'idée de personne de dire que 70% de la population d'Ile-de-France sont des cas sociaux. Il faut rendre le logement social désirable en agissant contre cette campagne idéologique qui amène des populations à avoir peur dès qu'on parle de construction de logement sociaux. A la haine de classe de la bourgeoisie s'ajoute la peur du déclassement des couches moyennes et populaires. Il faut dire la vérité, le logement social est le plus souvent de meilleure qualité que l'accession, il est souvent plus respectueux de l'environnement, il participe de l'aménagement de la ville, il correspond aux besoins du monde du travail et de la création, il est moins cher que le locatif privé,...
 

2 - Le logement social connaît tout particulièrement une crise sans précédent, avec un manque criant de logements pour nos concitoyens et une nécessaire rénovation urgente de notre parc pour faire face aux enjeux de qualité du logement et de transition écologique du bâti :  comment répondre à ces attentes pressantes pour la population ?

En y mettant de l'argent ! Les besoins sont énormes et urgent pour répondre à la fois aux enjeux sociaux et environnementaux. Par ailleurs, investir dans la rénovation énergétique du parc de logements permet de développer l'emploi non délocalisable, ces dépenses amènent donc aussi de nouvelles recettes. La suppression de la RLS redonnerait aussi des marges de manœuvre aux bailleurs sociaux.
 

3 - Dans notre récente enquête grand public, plus de 80% des Franciliens estiment que leur région est surpeuplée et s'opposent également à une augmentation de la densité en Ile-de-France. Comment rendre cette dernière plus acceptable aux yeux de nos concitoyens dans la perspective de respecter les objectifs de réduction de l'artificialisation des sols à horizon 2050 ?

Il faut un débat public sur la question de la ville, de l'intensité ou densité, des avantages et des inconvénients de la densité. Vivre en ville n'a pas les mêmes défauts que vivre à la campagne et vivre à la campagne n'a pas les mêmes avantages que vivre en ville. Il faut une certaine densité pour que soit viables des transports en commun, des commerces de proximités, des aménités, des infrastructures culturelles et sportives.

Ensuite le débat public soit aussi être accompagné sur quelle doit être la politique d'aménagement du territoire national. Car si la densité peut poser un problème avec l'hyper métropolisation, la désertification économique et humaine de certain territoire pose question. Certainement que nous avons aussi dans ce cadre à réfléchir sur de nouveaux modes de production, notamment agricole en redéveloppant une agriculture moins industrielle, plus respectueuse de la nature et des êtres humains avec plus de petites exploitations et donc plus de personnes qui permettent aussi de redynamiser des petites villes et villages. La question de la densité se pose aussi dans les campagnes.

J'ai confiance dans l'intelligence collective à la condition que la dispute publique sur un sujet comme "la densité" permet de faire émerger tous les points de vue, la diversité d'intérêt, l'enjeu environnemental, les contradictions à dépasser. On peut aussi démontrer que la densité peut permettre une plus grande végétalisation de la ville et des espaces publics. Par exemple, à Gennevilliers, depuis 2003, la ville a augmenté en population en passant de 45 000 à 50 000, un nouveau quartier et un centre-ville ont été créés, et en même temps, nous avons augmenté le nombre de mètres carrés d'espaces verts accessibles au public de plus de 78 411 mètres carrés.

Patrice Leclerc, Maire de Gennevilliers

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