Réinventons l’architecture à l’aune de la crise

03 nov 2023Édito

L’automne marque traditionnellement l’examen du projet de loi de finances, déterminant les choix politiques effectués par le gouvernement et le Parlement pour déployer les politiques publiques. Alors que notre pays traverse une crise du logement sans précédent, force est de constater que ce projet de loi met l’accent sur une inéluctable transition vers un modèle à terme plus soutenable et respectueux des enjeux de notre siècle.


                                            Image par Anja de Pixabay

En effet, près de 1,6 milliards d’euros supplémentaires ont été alloués à la rénovation énergétique des logements, mais également plusieurs centaines de millions d’euros pour la rénovation des bâtiments de l’Etat ainsi que des écoles. Si cette orientation va clairement dans le bon sens, elle demeure réellement insuffisante, notamment dans la perspective de respecter impérativement les objectifs fixés dans la loi « Climat et Résilience » en matière de rénovation des passoires énergétiques classés « G » et qui représentent plusieurs centaines de milliers de logements en France à ce jour.

Alors que nous appelons de nos vœux à une intensification réelle de la rénovation – globale – des bâtiments, la place de l’architecte et de l’architecture dans ce grand plan doit être renforcée. En disposant d’une expertise, d’un savoir-faire et surtout en étant une garantie pour le public, l’architecte doit se voir confier de nouvelles missions entrant explicitement dans leur champ d’intervention – voire du monopole, notamment en matière d’interventions sur les édifices existants. Garant de la création architecturale et du respect de la qualité des constructions, assermenté, l’architecte est l’acteur essentiel qui permettra de répondre aux objectifs fixés par les pouvoirs publics en matière de rénovation, aux attentes de nos concitoyens et aux impératifs environnementaux pressants.

Ce projet de loi de finances pour 2024 marque également un tournant pour la construction neuve, avec une réduction des dispositifs de soutien à cette dernière qui traverse pourtant une crise inédite. La hausse des taux d’intérêts, couplée à une baisse somme toute relative des prix de vente, se traduit par une chute importante des mises en construction que nous constatons aussi par le biais d’une chute importante de dépôts de permis de construire.

Je le dis d’emblée : la construction neuve est fondamentale pour répondre aux aspirations et aux besoins de nos concitoyens franciliens. Et il est clair que la crise que nous traversons présente une opportunité unique pour l’ensemble des acteurs de la construction de se réinventer.

Se réinventer en amplifiant la relation indispensable et la plus équilibrée possible entre maitrise d’œuvre et maitrise d’ouvrage, se réinventer en introduisant dans les programmes des composantes environnementales toujours plus exigeantes, se réinventer en mettant au cœur du projet la qualité architecturale et d’usage pour nos concitoyens.

En définitive, et alors que le mandat ordinal de notre Conseil régional touche à sa fin, je souhaite pleinement que notre Ordre puisse porter la voix d’une architecture ambitieuse et pleinement inscrite dans notre débat public, garant d’une protection forte au public et force de propositions et de solutions pour sortir de cette crise que nous connaissons.

Fabien Gantois, Président de l'Ordre des architectes d'Île-de-France

 

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