3 questions à... Stéphanie Obadia, directrice de Construction21

1) Qu’est-ce que « Construction21 » et quels sont ses grands chantiers en cours ?

Construction21 est LE réseau de référence pour accélérer la transformation écologique du bâtiment. Notre mission ? Prouver que les solutions durables existent déjà et peuvent être déployées à grande échelle : que ce soient des bâtiments, quartiers, infrastructures ou villes. Nous fédérons plus de 175 adhérents répartis en 10 collèges - dont l'Ordre des architectes d’Île-de-France - pour créer une véritable dynamique collective. Notre approche est pragmatique : nous mettons en lumière des réalisations concrètes, des innovations éprouvées et des retours d'expérience qui démontrent que la transition écologique est non seulement possible, indispensable, reproductible et accessible !

Notre mission est donc simple : inspirer, informer et prouver que les solutions existent. Nous fonctionnons comme une plateforme collaborative où les professionnels partagent leurs réalisations, leurs innovations et leurs retours d’expérience. Nous mettons en avant des solutions durables, abordables et duplicables – matériaux biosourcés, réemploi, innovations bas carbone, conception réversible, régénération urbaine – pour montrer qu’elles peuvent devenir la norme. Sur notre plateforme, nous comptons plus de 1900 études de cas partout dans le monde. Autant de réalisations inspirantes, durables, réplicables et abordables.

Nos grands « chantiers » se concentrent sur les sujets de la décarbonation du secteur, avec un suivi attentif de la RE2020, de ses extensions et des initiatives de rénovation ; de la sobriété, en explorant des modes constructifs plus frugaux et réversibles (un dossier sortira en décembre, appel aux contributeurs !) ; de la place du vivant et de la biodiversité, qui invite à repenser le rapport entre ville, nature et santé. Les sujets sont nombreux !

Nous orchestrons des événements majeurs. A venir par exemple, la conférence "Confort d'été" et la présentation de trois REX autour de la rénovation énergétique réussie lors de Renodays (octobre), Rencontres de la Génération Durable (17 octobre) pour rapprocher formation et pratique professionnelle, conférence européenne sur les façades décarbonées à Bruxelles (19 novembre), et bien sûr les Green Solutions Awards lors de la COP (194 réalisations de 26 pays ont candidaté).
Notre conviction : la transformation du secteur ne se fera que par l'action collective. Maîtres d'ouvrage, entreprises, collectivités et architectes doivent unir leurs forces pour faire de l'exception durable la nouvelle norme.

2) Adhérent de l’association, quelle est la contribution du CROAIF et plus largement de la profession à vos travaux pour améliorer le cadre de vie des habitants ?

Le CROAIF apporte une dimension fondamentale : l'approche humaniste de la ville durable. Les architectes ne conçoivent pas seulement des bâtiments, ils créent des écosystèmes de vie qui articulent performance environnementale et qualité d'usage. Mais au-delà de la réflexion collective, l’architecte a aussi un rôle à jouer dans ses propres réalisations. Il est ambassadeur de nouvelles pratiques, capable de convaincre maîtres d’ouvrage et collectivités d’oser des projets plus verts, plus durables, intégrant les enjeux environnementaux. En partageant leurs projets et leur regard, les architectes relient innovation et désirabilité et créent un effet d’entraînement pour toute la filière.

Le CROAIF participe à de nombreux temps forts, comme les Rencontres de la Génération Durable, contribue à de nombreux dossiers collaboratifs au travers de contributions (dernier en date : Réemploi publié en mars 25). Plus largement, le CROAIF enrichit les réflexions de la profession par sa capacité à articuler contraintes techniques, enjeux environnementaux et évolutions sociétales. En partageant leurs projets et leur regard, les architectes permettent de mieux relier innovation et désirabilité. Avec le CROAIF, nous renforçons ce dialogue entre acteurs de la construction, de l’aménagement et de la conception, pour que la transition ne soit pas seulement technologique mais aussi culturelle et sensible.

3) Dans les prochains mois, Construction21 et l’Ordre d’Île-de-France développent plusieurs actions sur le thème du « vivant », pouvez-vous nous en dire plus ?

Le « vivant » sera un des fils rouges commun pour 2026. Pourquoi ? Parce que la crise écologique nous oblige à repenser radicalement la manière dont nous concevons nos espaces : il ne s’agit plus seulement de limiter les impacts négatifs, mais de créer des environnements capables de régénérer la biodiversité, améliorer la santé et retisser le lien entre humains et nature. Il est d’ailleurs questions de ville régénérative.

Avec le CROAIF, nous souhaitons mettre l’accent sur de cette thématique essentielle, notamment lors des 2^e Assises franciliennes de l’Architecture au printemps 2026. Les contours restent encore à définir, mais il est déjà question de porter et publier un dossier commun et de valoriser de projets exemplaires. L’idée est de montrer, très concrètement, comment l’architecture peut intégrer le vivant – végétal, animal, humain – dans ses démarches.

Le vivant est essentiel car il est notre allié le plus précieux face au dérèglement climatique : végétalisation pour rafraîchir les villes, sols perméables pour absorber les eaux pluviales, matériaux biosourcés pour stocker du carbone, espaces verts pour améliorer bien-être et santé. Là encore, le rôle des architectes est déterminant, mais ils doivent convaincre et entraîner à leurs côtés maîtres d’ouvrage, ingénieurs, urbanistes, paysagistes et collectivités pour déployer des solutions à grande échelle.

En travaillant ensemble, nous voulons placer l’architecture au cœur de ce mouvement et démontrer qu’elle est une clé majeure pour réinventer des cadres de vie à la fois durables, désirables… et vivants.

Stéphanie Obadia, Directrice de Construction21