3 questions à... Alexandre Bouton, architecte et conseiller ordinal du CROAIF

31 jan 20253 questions à

En partenariat avec la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) Ile-de-France, l'Ordre des architectes d'Île-de-France (CROAIF) organise prochainement un cycle d'événements sur le lien entre architecture et biodiversité. À cette occasion, Alexandre Bouton, architecte et conseiller ordinal du CROAIF a souhaité revenir sur ce lien essentiel.

En quoi la transformation du bâti est-elle une opportunité pour préserver la biodiversité ?

Les transformations du bâti représentent d’abord un risque vis-à-vis d’une biodiversité bien spécifique qu’on dit « inféodée au bâti » c’est-à-dire dépendante de celui-là.
Cela est lié au fait que la totalité ou une partie du cycle biologique naturel de certaines espèces d’oiseaux, de chiroptères (chauve-souris) ou d’autres espèces sont dépendantes de certains bâtiments.
On connaît tous les nids d’hirondelles, mais on connaît moins ceux des Martinets-Noirs qui aiment nicher dans les boîtiers de volets roulants ou encore ceux des Pipistrelles qui adorent les anfractuosités entre les pierres dans les vieux bâtiments.
Les rénovations énergétiques des bâtiments sont nécessaires et urgentes, mais le problème est que ces espèces sont en déclin important et en danger alors même que ces espèces et leurs habitats sont protégés.
Le danger est donc que des projets de rénovation thermique viennent détruire certains habitats protégés et ainsi participer au déclin d’espèces elles-aussi protégées.

Dans ce sens ces transformations représentent une réelle opportunité car elles peuvent permettre :

  • De mieux connaître les populations d’espèces protégées aujourd’hui en danger qui sont inféodées au bâti ;
  • De comprendre comment le lien entre le patrimoine bâti et le patrimoine écologique s’est fondé à travers le temps ;
  • D’identifier les habitats protégés liés au bâti pour mieux les intégrer aux projets de rénovation et donc de les protéger ;
  • Faire de l’intégration de ces enjeux aux projets de rénovation thermique une des dimensions clef de l’architecture ;

Les architectes doivent se saisir de cet enjeu déterminant pour la préservation de la biodiversité. L’ordre souhaite que les architectes en deviennent les sentinelles !

Le CROAIF initie une série d’événements et de rencontres avec la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) Ile-de-France, pourquoi cet engagement ?

L’idée est dans un premier temps de sensibiliser notre profession à travers la présentation par la LPO des enjeux. L’idée est aussi de permettre lors de ces échanges que des maîtres-d’ouvrage et des architectes puissent présenter des projets déterminants dans le domaine avec la LPO.
Dans un deuxième temps, l’idée serait de mettre en place des ateliers et des journées de formation pour permettre à notre profession de monter en compétence dans le domaine.
A ce sujet nous faisons un appel à manifestation d’intérêt à la profession pour trouver les projets les plus exemplaires dans le domaine.
Si vous pensez qu’un projet serait à même d’éclairer la profession sur ces sujets, merci de nous en envoyer une présentation synthétique à contact@croaif.org avec pour objet « Présentation Projet ». Nous analyserons ces projets avec la LPO et nous reviendrons vers vous pour vous dire si nous pensons qu’il serait intéressant que vous puissiez le présenter lors d’un atelier d’échange.

Concrètement, quel est le message que vous entendez faire passer à la profession avec la LPO ?

La LPO souhaite sensibiliser la profession et expliquer que ces enjeux ne sont pas très compliqués à intégrer à une démarche de projet. Ils veulent aussi nous alerter sur les risques liés au fait de ne pas les prendre en considération.
L’architecture n’est pas un objet seul sous la lumière, mais un lien écosystémique entre des milieux. En même temps qu’elle nous protège des intempéries et nous permet de nous retrouver en famille ou au travail, l’architecture et l'abri des humains en même temps que celui d’une biodiversité riche et insoupçonnée.
Dans ce sens, nous ne pouvons plus laisser opposer l’architecture à la biodiversité et aux paysages. Dans ce sens, nous tenons en tant qu’Ordre à affirmer notre rôle déterminant pour l’intégration des patrimoines construits à la qualité et l’intégrité des paysages et de la biodiversité. Nous devons pour cela assurer la pérennité de la symbiose entre les patrimoine construit et naturel. Il en va de l’identité même de nos territoires.
Le force de l’architecte vient dans sa capacité à faire la synthèse entre des corps de métiers et des intérêts très spécifiques pour construire une œuvre unique et singulière.

Ce lien indissociable entre patrimoine bâti et patrimoine écologique rend le rôle de l’architecte dans les rénovations thermique architecturale encore plus incontournable !

Sur le même sujet

Vos conseillers en action
31 jan 2025